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La fermeture du PN 181 ou l’arbre qui cachait la forêt : une brève histoire de l’avenir des Lourdais

dimanche 11 octobre 2009

Depuis bien des décennies, les conditions de la circulation automobile tant à la périphérie qu’à l’intérieur de la ville de Lourdes ne laissent pas de poser des problèmes sur lesquels les municipalités successives se sont plus ou moins interrogées et ont diversement agi.

Certains diront, non sans raison, que l’importance du trafic est la rançon de la gloire à acquitter par une petite bourgade peu configurée, à l’origine, pour accueillir des flots croissants de véhicules de toutes sortes durant la saison des pèlerinages : elle s’est pourtant toujours adaptée en préservant au mieux la vie de ses habitants......La gageure n’était pas certaine, elle a pourtant presque toujours été tenue.

Plan de circulation

Pourquoi « presque » me direz-vous ? Tout simplement parce qu’il restait à mettre en œuvre un projet essentiel à ce qu’il est aujourd’hui convenu d’appeler le plan de circulation : Une voie reliant les axes Tarbes- Lourdes d’une part et Lourdes- Pau d’autre part par le contournement de la ville dans sa partie ouest, sorte de boulevard périphérique à l’image de celui qui relie le rond-point de l’Europe (Pomès) au viaduc à la sortie de la ville en direction d’Argelès et des Pyrénées.

Des visionnaires

Ce projet était déjà né -trait de génie- dans l’esprit de ceux qui ont animé les municipalités dès après les apparitions avec le soutien de la volonté impériale. En visionnaires de ce qui allait devenir la cité Mariale , ils avaient prévu, de longue haleine, l’impérieuse nécessité d’un plan ambitieux d’aménagement des axes de circulation et de créations nouvelles. Dans le même élan, ils avaient également - autre trait de génie - œuvré pour une extension, pourtant techniquement difficile, des lignes de chemin de fer jusqu’à Lourdes. Ceux-là avaient compris, dès l’origine, que le succès de Lourdes passerait par la meilleure facilitation possible de ses accès de toutes formes et notamment routier.

Le point d’accès

Ainsi fut créé, en même temps que la ligne, le passage à niveau 181 qui s’est établi et avéré au fil du temps le point d’accès à la ville pour tout un quartier (Lannedarré, Biscaye, Turon de gloire) et pour les pèlerins et touristes souhaitant rejoindre les sanctuaires par la prairie d’une part et poser leurs bagages dans les hôtels et pensions des rue et route de Pau mais également du boulevard de la Grotte d’autre part. A ce titre, il assurait dans le même temps une fonction significative de délestage et de régulation du trafic de ce qu’on appelait à l’époque les routes de Pau par Soumoulou et par Bétharram et permettait d’éviter l’engorgement au Pont de fer , point de croisement ou plutôt goulet d’étranglement des routes de Tarbes et de Pau à l’entrée de la ville.

Des années durant, résistant aux pressions et autres incitations à sa fermeture, les maires de Lourdes sont parvenus, avec pugnacité, à maintenir en activité ce passage à niveau au rôle crucial pour la cité mariale et bien compris comme tel.

Resté lettre morte

Dans le même temps, toutefois, le plan de circulation n’a pu connaître d’aboutissement et le projet de contournement est resté lettre morte. Sans nous étendre sur les motifs, nombreux sans doute et peut-être pas toujours glorieux, à cet abandon - certains diront négligent -, force est de constater qu’après plus de vingt années d’atermoiements et de reculades, le sort - nommons-le ainsi - a voulu que ce projet fût définitivement jugé irréalisable...

A ce stade, nous entrons peut-être dans le domaine de la supputation gratuite ou malveillante, mais enfin il paraît raisonnable d’envisager que l’enterrement du projet de contournement nécessitât la mise en œuvre d’une solution de substitution. Les esprits les moins retors auront compris que l’alternative en question se trouvait dans le principe de l’aménagement en voies rapides des routes de Tarbes et Pau qui se joignent au pont de chemin de fer (Avenue Alexandre-Marqui, Boulevard Célestin-Romain, Avenues Antoine-Béguère et Jean-Prat). Ce scénario emportait toutefois la nécessité d’une fermeture soudaine, d’apparence absurde et sourde aux intérêts des usagers et riverains du passage à niveau 181....de sorte que les aménagements précités pouvaient apparaître comme la solution palliative et bienveillante à cette terrible mesure réputée de sécurité. Curieusement nul ne semble s’être avisé que ces aménagements ne pouvaient être valablement mis en œuvre qu’avec le fermeture préalable dudit passage à niveau, son maintien interdisant en fait un trafic dense et véloce à sa proximité.....de là à affirmer que le fermeture est l’effet et non la cause et inversement les aménagements la cause et non l’effet : Quel vilain soupçon de manipulation ou de duplicité nous habite soudain !

Des conséquences mal mesurées

Toujours est-il que certaines conséquences de cette opération ont été bien mal mesurées ou peut-être plus vraisemblablement passées par pertes et profits sur le dos de la qualité de vie tant du citoyen Lourdais que du visiteur se présentant aux portes de Lourdes. : Embouteillages à partir du pont de fer que nul aménagement de résoudra jamais puisque ce secteur accueille désormais et durablement les quelques 30 % de trafic que délestait antérieurement en amont le passage à niveau 181, lesquels embouteillages gagnent les secteurs de la gare , de l’hôpital et en particulier des urgences, de l’office de tourisme....Il est vrai que, sans que nul n’établisse le moindre lien avec ce qui nous préoccupe, les trains de pèlerins et malades disparaitront bientôt définitivement au profit des TGV -les grands malades resteront chez eux- , l’hôpital ira s’installer à Lannes ou ailleurs -nous atteindrons vivants les nouvelles urgences à conditions de pouvoir sortir de la ville dans un délai compatible avec notre état - et l’office de Tourisme ira installer son antenne d’accueil aux portes des sanctuaires.......Resteront pour les Lourdais du haut de la ville les embouteillages- et le désert économique- sans autre solution que de les faire tourner autour de ronds-points créés pour la circonstance mais sans amélioration à escompter puisque le trafic demeurera le même -c’est à dire accru d’au moins 30 %- !

Un véritable piège

L’on peut parier que le touriste ou pèlerin individuel de passage rebroussera chemin ou à tout le moins ne retentera pas l’expérience.

Corolaire inquiétant, l’accès aux sanctuaires en souffrira certainement et la désaffection déjà engagée pourrait bien s’amplifier, la ville ouverte qu’était Lourdes devenant un véritable piège sauf à rejoindre le boulevard du Centenaire par le centre et le passage à niveau de Vizens par la rue de Pau pour tenter d’y échapper.....presque inutilement puisque ils ré-aboutissent bien sûr à nos désormais fameuses routes de Tarbes et Pau : Une fois entré dans la ronde on ne peut plus guère la quitter.....Inutile de dire que l’économie, déjà fragilisée, de la ville en pâtira dans sa totalité.

Que dire en dernier lieu du sort des quartiers directement riverains du passage à niveau et de nos nouvelles voies rapides ou desservies par elles ?

Une zone de chalandise écornée

Sur le plan économique d’abord, les commerces situés dans le secteur rue et route de Pau et par extension boulevard de la Grotte voient leur accessibilité mise à mal et leur avenir compromis du fait d’une zone de chalandise par trop écornée et profitant à d’autres secteurs de la ville. Ces quartiers voués à un habitat social et aux marchands de sommeil constitueront la partie fantôme de la cité, ghettos de pauvreté et de friches immobilières. Les commerces bordant les voies rapides verront les conditions d’arrêt dégradées du fait d’un stationnement insuffisant d’une part et d’une densité décourageante du trafic d’autre part.

Sur le plan social les nouveaux ghettos viennent d’être évoqués mais impossible de passer sous silence la situation d’enclavement qui atteindra les secteurs de Lannedarré, Biscaye et Turon de Gloire emprisonnés par ces deux axes mieux que par des barrières et pour lesquels l’accès au centre ville constituera un parcours du combattant sans précédent.

Sur le plan patrimonial, les constructions bordant ces voies se lézardent et se fissurent chaque jour un peu plus du fait du passage accru en vitesse et en nombre des poids lourds. Par suite, la valeur desdites constructions est appelée à s’effondrer significativement ne laissant sans doute à leurs malheureux propriétaires que leurs yeux pour pleurer d’autant que indépendamment des dégradations physiques, la cote immobilière du secteur-et pas seulement dans ses lisières- connaitra un amortissement irréversible : qui voudra s’installer dans de tels endroits ?

Sur le plan sanitaire et sécuritaire enfin, la pollution s’aggrave au point que l’air est souvent irrespirable et chargé de particules : certains camions non bâchés quoique chargés de graviers et autres matériaux poussiéreux n’y contribuent d’ailleurs pas pour peu lorsqu’ils empruntent à vitesse débridée les axes concernés. Enfin la sécurité de cheminement des piétons et surtout de leur traversée n’est plus assurée, le comble étant atteint au passage à niveau lui même, laissé ouvert aux dits piétons-certains handicapés en fauteuil- et emprunté dans un joyeux désordre entrecoupé seulement par le passage de deux roues motorisés ou non.....et bien sûr le passage du train à une vitesse plus rapide puisque plus rien n’entrave en principe sa course. Les conditions seules de sécurité de ce franchissement sont moindres qu’avant la fermeture au trafic....mais comme on voulait , parait-il, éviter juridiquement l’écueil d’une suppression.....

Et voilà comment une ville bénie par la providence achève son sabordement et dans quelle mesure la fermeture d’apparence anecdotique d’un passage à niveau révèle la forêt des calamités qui la menace. Curieusement assez peu de voix s’élèvent au regard du nombre de ceux qui sont concernés, elles sont, sans doute, les Cassandre ,à l’instar de ses lignes, annonçant à la foule incrédule et affairée à son quotidien le sort funeste qui lui est réservé. Il faut dire que les catastrophes font toujours les affaires de certains malgré tout.....

J.C.